1. Les liens de famille ne sont point détruits par la réincarnation, ainsi que le pensent certaines personnes ; ils sont au contraire fortifiés et resserrés : c'est le principe opposé qui les détruit.

Les Esprits forment dans l'espace des groupes ou familles unis par l'affection, la sympathie et la similitude des inclinations ; ces Esprits, heureux d'être
ensemble, se recherchent ; l'incarnation ne les sépare que momentanément, car, après leur rentrée dans l'erraticité, ils se retrouvent comme des amis au
retour d'un voyage. Souvent même ils se suivent dans l'incarnation, où ils sont réunis dans une même famille, ou dans un même cercle, travaillant ensemble
à leur mutuel avancement. Si les uns sont incarnés et que les autres ne le soient pas, ils n'en sont pas moins unis par la pensée ; ceux qui sont libres
veillent sur ceux qui sont en captivité ; les plus avancés cherchent à faire progresser les retardataires. Après chaque existence ils ont fait un pas dans
la voie de la perfection ; de moins en moins attachés à la matière, leur affection est plus vive par cela même qu'elle est plus épurée, qu'elle n'est plus
troublée par l'égoïsme ni par les nuages des passions. Ils peuvent donc ainsi parcourir un nombre illimité d'existences corporelles sans qu'aucune atteinte
soit portée à leur mutuelle affection.

Il est bien entendu qu’il s'agit ici de l'affection réelle d'âme à âme, la seule qui survive à la destruction du corps, car les êtres qui ne s'unissent
ici-bas que par les sens n'ont aucun motif de se rechercher dans le monde des Esprits. Il n'y a de durables que les affections spirituelles ; les affections
charnelles s'éteignent avec la cause qui les a fait naître ; or cette cause n'existe plus dans le monde des Esprits, tandis que l'âme existe toujours.
Quant aux personnes unies par le seul mobile de l'intérêt, elles ne sont réellement rien l'une à l'autre : la mort les sépare sur la terre et dans le ciel.

  1. L'union et l'affection qui existent entre parents sont l'indice de la sympathie antérieure qui les a rapprochés ; aussi dit-on en parlant d'une personne
    dont le caractère, les goûts et les inclinations n'ont aucune similitude avec ceux de ses proches, qu'elle n'est pas de la famille. En disant cela, on
    énonce une plus grande vérité qu'on ne le croit. Dieu permet, dans les familles, ces incarnations d'Esprits antipathiques ou étrangers, dans le double
    but de servir d'épreuve pour les uns, et de moyen d'avancement pour les autres. Puis les mauvais s'améliorent peu à peu au contact des bons et par les
    soins qu'ils en reçoivent ; leur caractère s'adoucit, leurs moeurs s'épurent, les antipathies s'effacent ; c'est ainsi que s'établit la fusion entre les
    différentes catégories d'Esprits, comme elle s'établit sur la terre entre les races et les peuples.

  2. La crainte de l'augmentation indéfinie de la parenté, par suite de la réincarnation, est une crainte égoïste, qui prouve que l'on ne se sent pas un
    amour assez large pour le reporter sur un grand nombre de personnes. Un père qui a plusieurs enfants les aime-t-il donc moins que s'il n'en avait qu'un
    seul ? Mais, que les égoïstes se rassurent, cette crainte n'est pas fondée. De ce qu'un homme aura eu dix incarnations, il ne s'ensuit pas qu'il retrouvera
    dans le monde des Esprits dix pères, dix mères, dix femmes et un nombre proportionné d'enfants et de nouveaux parents ; il n'y retrouvera toujours que
    les mêmes objets de son affection qui lui auront été attachés sur la terre, à des titres différents, et peut-être au même titre.